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Parents - French

Ces questions fréquemment posées (FAQ) et leurs réponses ont été préparées par Johanne Paradis (Université de l'Alberta) en collaboration avec plusieurs membres de COST Action IS0804.

 

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FAQs (et quelques réponses):
1. Nous élevons notre enfant de façon bilingue à la maison, mais nous nous inquiétons sur les effets que cela pourrait avoir sur son développement du langage. Nous aimerions savoir si un enfant bilingue va nécessairement avoir un développement retardé. Autrement dit, le retard est-il normal chez les bilingues?

Il existe un grand nombre d'éléments qui démontrent que les enfants, même très jeunes, peuvent acquérir et maîtriser deux langues avec succès. Les premières étapes du développement langagier se déroulent de la même manière que les enfants apprennent une ou deux langues. Par exemple, les enfants bilingues babillent de la même façon que les monolingues, produisent leurs premiers mots autour d’un an (la tranche d'âge typique se situe entre 10 et 14 mois), et commencent à combiner les mots en énoncés de 2 ou 3 mots vers l'âge de 2 ans (la tranche d'âge typique se situe entre 18 et 26 mois).

 

À mesure que les enfants bilingues grandissent, des différences apparaissent dans l’utilisation et le développement du langage, par rapport à des enfants monolingues, mais ces différences sont tout à fait normales. Elles ne sont pas inquiétantes et ne peuvent être considérées comme un facteur de risque en ce qui concerne l’apparition potentielle d’un retard ou d’un trouble du langage. Par exemple, les enfants bilingues peuvent utiliser et mélanger leurs deux langues dans une même phrase (voir question 4), et ils peuvent être plus performants dans une langue que dans l'autre au niveau du vocabulaire ou de la grammaire. La langue qu'ils maitrisent le mieux est souvent celle qu'ils parlent et entendent le plus fréquemment. Avec suffisamment de temps et d'exposition, ils rattraperont leur décalage dans la langue qu'ils maîtrisent le moins.

 

A l'école maternelle et au début du primaire, les enfants bilingues connaissent souvent moins de vocabulaire dans chaque langue que les monolingues, mais si l'on combine leurs deux stocks lexicaux, et que l'on retire les mots qui sont des équivalences de traduction, les bilingues possèdent un vocabulaire similaire voire plus étendu que les monolingues du même âge. Grâce à la scolarisation, les enfants bilingues rattrapent souvent, mais pas toujours, leur décalage en vocabulaire par rapport aux enfants monolingues dans au moins une des deux langues.

 

En fin de maternelle ou début du primaire, il faut parfois un peu plus de temps aux enfants bilingues pour maitriser des aspects plus complexes de leurs langues, comparés à des monolingues. Par exemple, pour le français, la forme du participe passé a des formes irrégulières (pris, ouvert), en plus des participes passés du premier groupe qui prennent la terminaison "é". Si le français est une des langues d'une enfant bilingue, ce dernier peut produire plus d'erreurs sur ces verbes irréguliers comparés aux enfants monolingues du même âge et donc dire, par exemple, « j’ai ouvris » au lieu de « j’ai ouvert » ou « j’ai prendu » au lieu de « j’ai pris ». Là encore, avec du temps et une exposition suffisante au français, et en particulier le français écrit à l'école, les enfants bilingues parviendront finalement à maitriser ces points de langage plus complexes.

2. Nous sommes des parents bilingues, mais nous envisageons d'élever notre enfant en utilisant uniquement la langue du pays d'accueil. Cependant, nous parlons cette langue avec un fort accent (nous avons émigré à l’âge adulte), et maîtrisons mieux notre langue maternelle. Est-ce une bonne idée?
Tout d'abord, il est important de comprendre qu'élever votre enfant dans un contexte bilingue en parlant votre langue maternelle à la maison ne constitue en aucun cas un risque qu'il n'apprenne pas ou mal la langue du pays où il vit. Votre enfant aura des occasions suffisantes pour acquérir cette autre langue grâce à l’environnement scolaire et extra-scolaire. Il n'y a donc aucune nécessité d'éduquer votre enfant de manière monolingue, si c'est la raison de votre choix.
 
Ensuite, il est important de comprendre que le niveau de langue des parents est un facteur important dans le fait qu'un enfant atteigne un bon niveau dans cette langue. Vous (parents) devez avoir un très bon niveau (similaire à celui d'un apprenant natif) dans la langue que vous utilisez avec votre enfant afin qu'il soit exposé à un vocabulaire riche et à des structures grammaticales complexes dont il a besoin pour développer de bonnes compétences langagières. Si vous utilisez une langue dans laquelle vous n'êtes pas suffisamment fluent et à l'aise, vous ne serez probablement pas en mesure de fournir à votre enfant les modèles linguistiques dont il a besoin. De plus, il se pourrait qu'avec le temps, vous vous sentiez restreints et limités dans les sujets de conversation que vous aurez avec votre enfant, puisque que la seule langue que vous partagerez alors avec lui est une langue que vous (parents) ne maîtrisez pas complètement.
 
En général, nous recommandons aux parents de communiquer avec leur enfant, le plus possible, dans la langue qu'ils maîtrisent le mieux. L'utilisation de la langue du pays d'accueil à la maison est inévitable, mais il est préférable d'utiliser principalement la langue maternelle des parents à la maison.
3. A quel moment devrais-je demander l'aide d'un professionnel si mon enfant bilingue ne parle pas ou pas aussi bien que les enfants bilingues de son âge?
(Consulter également la réponse à la question 1). Le fait de parler tardivement et le fait de développer le langage moins rapidement, en comparaison à d'autres enfants bilingues, sont deux problèmes différents. Tout d’abord, les premières étapes du développement langagier se déroulent de la même manière, que les enfants apprennent une ou deux langues. Par exemple, les enfants bilingues babillent de la même façon que les monolingues, produisent leurs premiers mots vers autour d’un an (la tranche d'âge typique se situe entre 10 et 14 mois), et commencent à combiner les mots en énoncés de 2 ou 3 mots vers l'âge de 2 ans (la tranche d'âge typique se situe entre 18 et 26 mois).
 
Cependant, tous les enfants bilingues ne suivent pas les étapes du développement langagier au même rythme dans les deux langues, car ils sont parfois beaucoup plus exposés à une langue qu'à l'autre, mais ce qui est important est qu'ils atteignent ces étapes de développement normal dans au moins une des langues. Si un enfant exposé au bilinguisme, tout comme un enfant monolingue, présente un retard dans l'acquisition de ces stades précoces, il est conseillé que l'enfant soit examiné afin de déterminer la source de ce retard (notez qu’il existe une grande étendue d'âges pour ce qui est "normal", et la notion de retard ne s'applique pas à un enfant qui se situerait à la fin de cette étendue d’âge normal).
 
Maintenant, s'il s'agit de comparer le niveau d'un enfant bilingue dans ses deux langues, comparativement aux enfants bilingues de son âge, il est tout d'abord important de déterminer si cet enfant a un niveau moins bon dans une seule langue ou dans les deux langues, et si l'une des deux langues progresse plus lentement parce que l'enfant l'utilise moins ou l'entend moins que ses pairs bilingues. Deuxièmement, il est important d'essayer de déterminer si cette impression de moins bon niveau dans une langue relève de la variation interindividuelle normale, ou si cela doit alarmer l'entourage. Si l'enfant démontre un développement retardé dans les deux langues, notable comparativement aux enfants bilingues de son âge, alors il semble nécessaire qu'un orthophoniste/logopède l'examine.
4. Mon enfant a trois ans et nous l’avons élevé dans un contexte bilingue à la maison. Nous essayons d’appliquer la règle « un parent/une langue », mais nous avons remarqué qu’il mélange les deux langues quand il parle. Est-ce un signe qu'il présente des troubles du langage?
Le phénomène que vous décrivez s’appelle le « code-mixing », ou « code-switching ». Tous les enfants bilingues, quel que soit leur âge, utilisent ce code-mixing par moments, et ce n’est pas un signe de troubles du langage. Chez les enfants bilingues de l'âge de votre fils, les raisons pour lesquelles ils utilisent ce code-mixing sont variées. La plupart du temps, les enfants bilingues de cet âge utilisent plus souvent le code-mixing lors d'une conversation dans la langue qu'ils maîtrisent le moins (les jeunes bilingues ont rarement un niveau égal dans les deux langues). Parfois, les enfants bilingues choisissent des mots parce qu'ils leur sont plus familiers, plutôt qu'en fonction de la langue elle-même, et donc finissent par mélanger les deux langues dans une même phrase.
 
Mais les recherches montrent aussi que les jeunes enfants bilingues sont surtout très sensibles aux compétences et préférences de leurs interlocuteurs pour une langue donnée. Même des enfants bilingues de 2 ans utiliseront plus souvent, voir exclusivement, la langue que préfère leur interlocuteur. Les enfants bilingues utilisent le code-mixing avec leurs parents – que ceux-ci suivent la règle "un parent-une langue", ou non – en particulier lorsque les deux parents sont aussi fluents dans les deux langues. Les enfants savent qu'ils seront compris quelle que soit la langue qu'ils utilisent. A partir de 4 ans, les enfants bilingues deviennent plus sensibles à l’utilisation des langues dans la société, et savent quelle langue est la plus appropriée dans les espaces publics. A cet âge, ils ont aussi acquis suffisamment de vocabulaire dans leurs deux langues, ce qui leur permet de converser dans chaque langue, sans utiliser des mots de l’autre langue pour combler des lacunes de vocabulaire.
 
Ainsi, les enfants bilingues s'adapteront au modèle langagier de la maison, si ce modèle inclut une dissociation des langues en fonction des interlocuteurs et du contexte. Même les enfants bilingues qui présentent des troubles du langage n'utilisent pas le code-mixing de manière excessive, et font plutôt les mêmes choix en ce qui concerne la langue à utiliser que ceux des enfants bilingues de leur âge au développement normal.
5. Nous sommes des parents bilingues et nous mélangeons nos deux langues (codeswitching) très souvent. Est-ce bien de parler les deux langues à notre enfant et de les mélanger?
(Voir aussi la réponse à la question 4 sur les enfants bilingues qui font du code-switching même quand leurs parents ne le font pas). Une des façons les plus courantes d’élever un enfant bilingue est d’utiliser la règle « un parent-une langue ». Ceci est souvent utilisé quand les parents parlent chacun une langue maternelle différente, et parfois quand un parent ne parle pas la langue maternelle de l’autre parent. Selon la règle « un parent-une langue », les parents ne devraient parler à leur enfant que dans leur langue maternelle, et s’y tenir, même si l’enfant leur répond dans une autre langue. On sait que cette façon de faire apporte de bons résultats pour les enfants bilingues, mais on sait aussi que ce n’est pas nécessaire. Les enfants bilingues ne sont pas déroutés ou ne présentent pas de retard si chaque parent leur parle dans les deux langues. Les enfants bilingues ne sont pas gênés par le code-switching.
 
Il est important de noter que dans les familles bilingues où l’utilisation du code-switching est la norme, les enfants parleront en utilisant le code-switching, au moins avec les autres membres de la famille. Ceci ne signifie pas qu’ils confondent les deux langues. Cela signifie juste que, puisque le code-switching est la norme familiale, c’est le modèle qu’ils utilisent.
 
La communauté scientifique sait que le code-switching requiert de grandes compétences linguistiques et que c’est une façon d’utiliser la langue qui est naturelle pour les personnes et les communautés bilingues. Les règles qui permettent de combiner les deux langues sont assez complexes (même si les locuteurs n’en sont pas conscients), et les situations sociales dans lesquelles le code-switching est utilisé fréquemment varient en fonction des familles et des communautés bilingues, mais le code-switching est considéré comme une forme de discours riche et complexe. Malheureusement, le code-switching est parfois perçu de façon négative par les professionnels de la santé et de l’éducation, par exemple, qui le voient, à tort, comme un frein au développement du langage de l’enfant. Bien qu’il soit important de se sentir à l’aise avec le code switching si c’est le mode de communication normal de votre famille, il est aussi important d’être conscient des opinions négatives, mais fausses, que vous pouvez rencontrer à l’extérieur.
6. . À quel âge un enfant doit-il apprendre une deuxième langue ? Doit-on attendre qu’il maîtrise d’abord sa langue maternelle, ou doit-on commencer le plus tôt possible?
Il n’y a pas d’âge optimal pour commencer à apprendre une autre langue dans la petite enfance. De nombreux enfants dans le monde apprennent deux langues dès la naissance à la maison sans difficultés, et encore plus d’enfants apprennent une langue à la maison et une autre à l’école avec la même réussite sur le long terme. Ce n’est pas nécessaire d’apprendre d’abord une langue avant d’en apprendre une seconde. Cependant il est conseillé d’introduire une seconde langue avant l’âge de 6 ou 8 ans pour que l’enfant puisse la parler sans accent.
 
Quand les enfants commencent à apprendre une seconde langue plus tard, ou même après la puberté, ils la parlent rarement comme quelqu’un dont c’est la langue maternelle, ils gardent un accent, même s’ils la parlent couramment par ailleurs. Plutôt que l’âge, les facteurs importants pour devenir un bon bilingue sont que les enfants soient en contact avec les deux langues fréquemment et de façon continue, et qu’ils aient l’opportunité de les parler et de les utiliser dans des situations riches et diverses. Des situations scolaires et éducatives permettant de pratiquer les deux langues assureront aussi un bon niveau de bilinguisme sur le long terme.
7.a. Quelle langue dois-je utiliser avec mon enfant si la langue parlée à l’école n’est pas la même que celle parlée à la maison et que mon enfant a des difficultés dans les deux langues ? Devons-nous abandonner la langue de la maison et n’utiliser qu’une seule langue ? Que va-t-il se passer si nous, les parents, nous abandonnons la langue de la maison, mais que les grands-parents continuent à l’utiliser avec l’enfant ?
 
7.b. Notre enfant de 5 ans vient d’être diagnostiqué avec un TSL (trouble spécifique du langage). On nous a conseillé de ne parler qu’une seule langue avec lui à la maison — la langue de l’école. Ceci va être difficile, car sa grande sœur et son grand frère parlent deux langues et que nous sommes une famille bilingue. Devons-nous suivre ce conseil ?
Il est regrettable que ce type de conseil soit souvent donné aux parents d’enfants bilingues qui ont un retard de langage, ou d’autres difficultés en langage ou encore un handicap, incluant des difficultés dans l’acquisition de la lecture. Ce conseil vient d’une idée reçue populaire selon laquelle apprendre deux langues est hors de portée pour les enfants ayant des difficultés avec le langage, et que continuer à utiliser deux langues va accroître leurs difficultés. D’après notre expérience, de nombreux cliniciens et enseignants pensent qu’abandonner une des deux langues constitue une part essentielle de la prise en charge pour les enfants bilingues avec un trouble du langage.
 
Il nous semble important d’indiquer clairement et catégoriquement qu’il n’y a aucune donnée scientifique pour soutenir ces idées reçues. Au contraire, les enfants bilingues avec un trouble du langage peuvent devenir et deviennent bilingues. Ils existent de nombreuses études de cas d’enfants atteints de déficiences mentales sévères, telle que la trisomie 21, qui sont devenus bilingues, d’enfants autistes devenant bilingues, ou d’enfants dysphasique ou dyslexiques devant des locuteurs et des lecteurs bilingues. En fait, les enfants décrits dans la question 6 en sont la preuve, car ils parlent déjà deux langues, malgré leurs difficultés d’apprentissage de la langue.
 
Les enfants bilingues avec trouble spécifique du langage apprendront leurs deux langues plus lentement que les monolingues et leur niveau dans les deux langues sera au final limité. Mais ces limitations semblent être similaires à celles des monolingues ayant un trouble spécifique du langage. En d’autres termes, être bilingue n’aggrave pas les troubles du langage.
 
Un autre élément important à prendre en compte est la famille et le contexte communautaire. Si la famille est déjà bilingue, et peut-être aussi la communauté, il est difficile d’avoir un enfant monolingue dans cet environnement. En effet, l’enfant serait privé de la double identité que possèdent les membres de sa famille et de sa communauté, ou de la chance d’avoir une relation privilégie avec ses grands-parents, ce qui pourrait entraîner un sentiment d’isolement et d’infériorité. Dans le cas d'enfants dont les difficultés d'acquisition du langage ont pour origine un trouble développemental tel que la trisomie 21 ou l'autisme, il est encore plus important que les enfants acquièrent les deux langues, celle du système de santé et du système scolaire, ainsi que celle de leurs parents, puisque pendant longtemps les parents seront probablement leurs premiers interlocuteurs en ce qui concerne l'éducation et les aspects sociaux et linguistiques.De ce fait, il n’y a aucun argument valable en faveur de l’abandon d’une des deux langues pour les enfants présentant un trouble spécifique du langage ou des troubles d’apprentissage.
 
Ceci dit, l’enfant lui-même peut préférer utiliser une langue plus que l’autre et, par conséquent, devenir plus compétent dans l’une que dans l’autre. Mais, il n’existe pas de preuve que les enfants bilingues avec un trouble spécifique du langage adopteraient ce comportement plus souvent que les enfants bilingues avec un développement du langage normal.
8. Nous prévoyons que notre enfant soit scolarisé dans une école d’immersion où il pourrait apprendre à travers une deuxième langue différente de celle de la maison et devenir bilingue. Cependant notre fils a été diagnostiqué avec un trouble spécifique du langage. Cela signifie-t-il qu’il n’est pas souhaitable qu’il suive une scolarité en immersion?
Il n’existe que peu de recherches concernant les résultats scolaires que pourrait obtenir un enfant ayant un trouble du langage scolarisé dans une classe bilingue ou une classe d’immersion – où les différentes matières enseignées le sont soit entièrement soit partiellement par le biais d’une seconde langue différente de celle parlée à la maison. Mais les recherches existantes ont montré qu’au Canada les enfants anglophones avec un retard de langage scolarisés dans des écoles d’immersion francophones obtiennent les mêmes résultats scolaires que des enfants anglophones avec retard de langage scolarisés dans des écoles où seul l’anglais est parlé. Ces résultats tendent à montrer que l’apprentissage au travers d’une deuxième langue ne fait pas baisser les résultats scolaires des enfants avec un retard ou un trouble du langage – résultats souvent déjà inférieurs à ceux des enfants sans troubles.
 
Qu’en est-il du développement du langage chez les enfants scolarisés dans les écoles d’immersion ? Nous en savons encore moins à ce sujet, mais il existe des études portant sur des enfants avec trouble du langage qui utilisent une langue seconde à l’école car ils sont issus de familles immigrées. Ces parents n’ont donc généralement pas le choix de la langue utilisée par le système éducatif du pays ou de la région où ils ont émigré. Ces recherches montrent que ces enfants acquièrent la langue du pays d’accueil même si la maîtrise de cette langue est freinée du fait de leur trouble du langage. Ces enfants n’encourront également pas plus de risques de perdre leur langue maternelle que les enfants d’immigrés qui ne présentent pas de troubles du langage.
 
Il est important de noter que le fait que le bilinguisme soit une nécessité ou un choix peut faire une différence. Si le bilinguisme, comme dans le cas de votre fils, est un choix en tant que tel, il demandera un certain investissement des parents et de l’enfant. Cela demandera également un investissement de l’école de façon à fournir toute aide linguistique et soutien scolaire nécessaires à la réussite de votre enfant. Ainsi, même s’il n’existe pas de preuve qu’un enfant avec trouble du langage ne puisse pas apprendre une seconde langue à l’école, les parents doivent se demander si toutes les parties concernées ont un intérêt, une motivation, du temps et les moyens nécessaires pour permettre à l’enfant de réussir dans ce type d’environnement scolaire.
9. Ma fille parle couramment la langue que nous utilisons à la maison mais elle éprouve des difficultés à apprendre la langue utilisée à l’école. Pourrait-elle présenter un retard (ou un trouble du langage) dans sa seconde langue uniquement?
10. Quand un diagnostic de trouble du langage peut-il être établi chez les enfants bilingues séquentiels (enfants qui acquièrent d’abord une langue puis une autre ; comme c’est le cas pour la plupart des enfants issus de l’immigration) ? Après combien de temps d’exposition à la langue seconde?
11. Quels livres recommandez-vous?
Genesee, F., Paradis, J. & Crago, M. (2004). Dual language development and disorders: A handbook on bilingualism and second language learning. Baltimore, MD: Brookes. [the 2nd edition will appear in 2010/2011]
 
The Canadian Language and Literacy Encyclopedia
Le retard de langage et les troubles spécifiques du langage sont des troubles du développement, ce qui signifie que leur origine est une conséquence de certaines perturbations dans le neuro-développement précoce de l’enfant (cette disposition au retard ou au trouble du langage pouvant être héréditaire). Il existe une différence entre le retard de langage et le trouble spécifique du langage. Un retard de langage se résout souvent avant l’entrée à l’école primaire. Dans le cas d’un trouble spécifique du langage les difficultés de langage initiales persistent après l’entrée à l’école primaire.
 
L’apprentissage de la langue, que ce soit une langue première (maternelle) ou seconde, sera affectée par un trouble du développement du langage. Il est impossible pour un bilingue ayant un trouble du langage de présenter des symptômes uniquement dans une langue et pas dans l’autre.
 
Toutefois, tous les bilingues, avec ou sans trouble du langage, peuvent avoir une meilleure maîtrise d’une des deux langues, mais cela ne doit pas être confondu avec une sorte de trouble du langage « sélectif ». Si votre enfant semble présenter des difficultés dans l’apprentissage d’une seconde langue, il est plus que probable que la cause provienne de l’environnement. Si la langue utilisée à l’école n’est pas la langue de la communauté immédiate dans laquelle vit l’enfant, et que les seuls contacts que l’enfant a avec cette langue ont lieu à l’école, cela peut prendre à l’enfant au moins un ou deux ans avant qu’il ne puisse vraiment parler cette langue avec aisance. De plus, cet enfant pourrait sembler avoir des difficultés à maîtriser la langue de l’école si on le compare à tort aux enfants monolingues de sa classe.
 
Cela peut prendre entre 3 et 5 ans de scolarisation avant que l’enfant bilingue ne parvienne à maitriser la langue de l’école aussi bien qu’un monolingue. Parmi les autres facteurs potentiels pouvant freiner l’apprentissage de la langue de l’école, on trouve, par exemple, le manque de motivation, des difficultés scolaires ou le fait que l’enfant ne soit pas naturellement « doué » pour les langues. Un trouble du langage « sélectif » portant uniquement sur la seconde langue n’est pas une explication possible.
(voir également la réponse à la question 8)
 
Cela peut prendre entre 3 et 5 ans de scolarisation pour qu’un enfant bilingue séquentiel parvienne à une maîtrise de la langue utilisée à l’école similaire à celle de ses camarades monolingues. Pour ce qui est des compétences langagières académiques (ce qui inclut la lecture et l’écriture), il faut compter 5 à 7 ans. Comme il faut attendre un certain nombre d’années avant que ces enfants bilingues parviennent à une pleine maîtrise de leur seconde langue, le problème qui se pose est celui d’une détection précoce et fiable des enfants ayant un trouble du langage parmi cette population d’enfants bilingues séquentiels.
 
Si les thérapeutes (orthophonistes, logopèdes…) attendent le moment où les enfants bilingues atteignent un certain degré de maîtrise de la langue seconde pour être sûr de leur diagnostic, alors ils ne détecteront que peu d’enfants bilingues avec trouble du langage pendant la période où ces enfants auraient le plus besoin d’une prise en charge (on appelle cela la sous-détection). En effet, plus la détection est précoce, plus la prise en charge intervient tôt. À l’opposé, il peut également exister un problème de sur-détection, quand de nombreux enfants bilingues sont diagnostiqués comme ayant un trouble du langage alors qu’ils n’en sont pas atteints et ceci parce qu’ils ne maitrisent qu’incomplètement leur seconde langue (celle de la société dans laquelle ils vivent).
 
Certaines stratégies d’évaluation peuvent être employées pour éviter les problèmes de sousou de sur-détection. Une première stratégie consisterait à obtenir des informations sur la première langue de l’enfant (historique de développement et niveau de langue actuel), soit par le biais d’une observation directe, soit par le biais d’un questionnaire proposé aux parents. Ces données peuvent être très précieuses car un enfant bilingue atteint de troubles du langage présente obligatoirement des déficiences dans les deux langues. Une deuxième stratégie serait de toujours comparer les évaluations d’un enfant bilingue avec les évaluations d’enfants bilingues similaires afin d’interpréter au mieux les performances de cet enfant. Il ne faudrait donc pas comparer les évaluations d’un enfant bilingue avec ceux d’enfants monolingues à moins que l’enfant évalué ait eu au minimum 3 à 5 ans d’exposition journalière conséquente à cette seconde langue à l’école.
 
La combinaison de ces deux stratégies serait à même d’améliorer la précision des diagnostics chez cette population d’enfants. Il faut toutefois souligner qu’en général les normes sur les tests utilisés pour évaluer les performances des enfants ne sont pas forcément complètes ou disponibles pour des enfants bilingues. De plus, si ces normes existent, elles doivent également être étalonnées en fonction du temps d’exposition à la seconde langue dont a bénéficié l’enfant évalué. De ce fait même, la détection d’un trouble du langage chez l’enfant bilingue séquentiel sera nécessairement moins précise que chez l’enfant monolingue.
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